Depuis notre arrivée en Baie Marguerite nous avons profité d’une très belle période, avec grand soleil et peu de vent. Une aubaine dans ces hautes latitudes à l’approche de l’hiver. Mais toute bonne chose a une fin…
Depuis trois jours nous sommes bloqués à Horseshoe pour laisser passer une série de dépressions. La nuit dernière nous avons essuyé un fort coup de vent de Nord. Les prévisions nous annonçaient ce mauvais temps et Philou avait mouillé le bateau en conséquence avec 100 mètres de chaine.
Le vent a commencé en fin de soirée, établi à 30 nœuds et au cours de la nuit, il est monté à 45/50 nœuds. Le petit mouillage est protégé par des récifs qui bloquent les icebergs, mais laisse passer les growlers et autres glaçons.
Philou ne dort que d’un œil, se lève et éclair avec le projecteur la baie qui fume sous les hurlements du vent. Il surveille la glace qui rentre. Le moteur est mis en route pour éviter les plus gros. Je me lève à mon tour pour lui tenir compagnie et assister à ce spectacle nocturne.
Philou est confiant, il sait le fond de bonne tenue, mais il garde toujours une petite angoisse, car si le bateau chasse sur son ancre, à quelques mètres derrière nous, c’est la cote, ses rochers et un amas de glace sur laquelle notre Fleur viendrait se fracasser.
Cela dure plusieurs heures.
J’entends les glaçons cogner la coque et le vent siffler dans les haubans. Je ne dors pas. Dans la nuit noire, ces conditions sont stressantes. Je me tourne et me retourne dans mon duvet. En haut, à la timonerie, j’entends Philou. Il est debout et surveille le bateau. Cela me rassure. Les enfants dorment sur leur deux oreilles. Ils ont toute confiance.
Le jour se lève. Le vent est redescendu à 30 nœuds. La baie est balayée par des grains de neige, de gros flocons qui recouvrent notre Fleur. Elle est vaillante, elle nous protège. Ce soir le vent va revenir pour un deuxième coup de vent.
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