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  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

1 Avril - Kayak Island

Le vent est encore soutenu et les hautes montagnes rivalisent de grandeur, nous doublons des îles enneigées. Éole accélère son souffle puissant dans le goulet qui s’ouvre sur le Golfe de l’Alaska et le grand large.



Nous mettons le, cap vers « Kayak island ». Cette île est un lieu important pour l’histoire de la découverte de l’Amérique, en effet c’est ici que Vitus Bering, navigateur Danois, commandant d’une expédition russe partie du Kamchatka à la découverte du nouveau continent, pose le pied en 1741. Il est le premier Européen à découvrir l’Alaska. C’est le 16 juillet, jour de la Saint Elie. Il baptisa cette île du nom de Saint Elias. A son bord, un naturaliste Georg Wilhelm Steller qui donna son nom aux lions de mer qui peuplent ces côtes et à quelques montagnes. En 1728, soit 13 années auparavant, il a démontré que l’Asie et l’Amérique sont deux continents séparés, il a navigué dans le détroit qui porte son nom, mais ne sait pas encore que l’Alaska est si proche.

Bering et nombreux de ses compagnons vont mourir du Scorbut lors du voyage retour. Il est enterré dans une île des aléoutiennes où il a fait naufrage. Son lieutenant va retourner en Europe avec des peaux et de fabuleuses histoires sur les grandes colonies de phoques et de loutres. C’est le début de la conquête de ce magnifique pays pour ses nombreux trésors.



Nous savons qu’une plaque commémorant ce débarquement a été érigée sur l’île mais l’endroit est mal pavé, le vent porte à la côte et Fleur Australe talonne plusieurs fois. Le bateau est solide, la quille s’escamote, mais le capitaine préfère faire demi-tour. Les cartes n’indiquent pas ces récifs. Mieux vaut regagner le large.

Nous allons mouiller à l’extrémité ouest de cette ile, qui avec sa forme de kayak renversée, a été ainsi nommée. La pointe Saint Elias est magnifique avec son imposant pinacle en basalte qui ressemble à une incisive et ses falaises acérés dressées vers le ciel.


Marion aperçoit sur la côte une colonie de phoques. C’est une très grande « rockerie » de lion de mer de Steller . Plusieurs centaines de ces gros mammifères marins se sont regroupés pour la saison de la reproduction. La cacophonie assourdissante et l’odeur âcre envahissent l’atmosphère. « Ça sent comme en Antarctique », me dit Marion. Les mâles constituent leur harem. Ils sont entourés de plusieurs dizaines de femelles. Les combats des mâles pour gagner leurs belles sont violents.



Au pied de la falaise, il y’a une petite maison et un phare, aujourd’hui automatisé avec des panneaux solaires, l’endroit devait abriter des gardiens bien isolés sur cette côte sauvage. Nous débarquons, l’ambiance est étrange dans ce phare abandonné, un peu angoissante, les murs sont délabrés, un billard poussiéreux trône dans la pièce principale, une balançoire grince. « J’ai envie de rentrer au bateau maman, on dirait un film d’horreur ! » me glisse Marion à l’oreille.


Nous reprenons la mer à la nuit tombée, comme par magie, la lumière du phare scintille, elle va guider les rares navigateurs qui croisent au large. Nous quittons Kayak island, posée comme une épée sur la longue côte sauvage de l’Alaska. La brise fait des rebonds sur les falaises et le capitaine doit ajuster les voiles. Au large, le vent retrouve sa fluidité, nos voiles sont pleines, nous mettons le cap sur Icy Bay.



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