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  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

En route pour le Pacifique Sud

Au départ des Marquises, nous sommes environ par 10° de latitude sud, pas très loin de l’équateur. Pour rejoindre Ushuaia, il nous faudra descendre jusqu’à 55° Sud. Une belle glissade dans le grand Pacifique. De l’eau, beaucoup d’eau. Le vent est bon, l’alizé, environ 15 noeuds de travers, la Fleur avance entre 7 et 8 noeuds.



Sur notre route quelques îles perdues. L’archipel des Gambier, dernier atoll habité de la

Polynésie. Un peu plus au sud, Pitcairn, devenue célèbre par l’aventure de la Bounty, un caillou plus qu’une île, 58 habitants. Sur la carte on a du mal à la repérer, un petit confetti de 4 km de long, moitié moins que Ouessant ! Sa soeur jumelle, à quelques 200 km dans l’Est, s’appelle Henderson. C’est un atoll sorti de l’eau, soulevé par le mouvement des plaques.



Henderson, une île unique, un joyau d’écosystème


J’ai décidé de m’en rapprocher, elle est sur ma route. Au petit matin, sur l’horizon un trait qui sort de l’eau. C’est un plateau rectiligne avec des falaises d’environ 15 mètres de hauteur. Dans l’archipel des Tuamotu, on trouve le même phénomène sur l’île de Makatea qui elle, a des falaises plus hautes de près de 80 mètres. Je m’approche de la côte, la grande houle frappe les rochers dans des gerbes d’écume. Sur le plateau une végétation d’arbustes, pas de cocotiers. Dans le ciel des oiseaux. Il y a des plages, mais elles sont de l’autre côté de l’île, sur la côte, au vent.


Henderson fut colonisée par les polynésiens entre le XIIe et XVe siècle. Depuis elle est resté inhabitée. Malgré son éloignement de la civilisation industrielle, cette île abriterait l’une des plus fortes concentrations de déchets plastiques au monde, en raison du jeu de la gyre océanique. Selon l'ONG britannique "Royal Society for the Protection of Birds", on y recenserait jusqu'à 671 morceaux de plastique au mètre carrée et les scientifiques estiment que, nonobstant sa superficie réduite, l'île abriterait dix-sept tonnes de déchets qui se seraient échoués là au gré des courants de l'océan Pacifique. L’île possèderait ainsi la densité la plus élevée de détritus de la planète. Outre les déchets, de fortes odeurs, parfois pestilentielles, polluent l'air de l’île en fonction de l'arrivée des nouveaux déchets et de leur constitution, car de nombreux poissons et oiseaux meurent en ingérant des morceaux de plastique et s'échouent sur ses plages.



En juin 2019, une campagne de ramassage permet de récolter, en deux semaines sur les plages de l’île, six tonnes de déchets plastiques originaires de toutes les parties du globe.


Ce joyau au milieu du Pacifique est l’un des rares derniers exemples d’écosystème d’atoll corallien soulevé. Il présente une diversité biologique remarquable étant donné la taille de l’île, avec quatre espèces d’oiseaux terrestres endémiques, dix taxons de plantes vasculaires endémiques et de grandes colonies d’oiseaux de mer qui s’y reproduisent. Sa valeur universelle exceptionnelle est due à son degré relativement faible de perturbation, qui offre une base comparative pour les données sur des atolls similaires et son isolement en fait un observatoire idéal de la dynamique de l’évolution ilienne et de la sélection naturelle.


En tant que l’une des dernières îles calcaires de grande taille à avoir conservé une écologie pratiquement intacte, l’île d’Henderson a préservé sa beauté exceptionnelle avec ses plages de sable blanc, ses falaises calcaires et sa riche végétation pratiquement intacte. Avec le grand nombre de ses oiseaux nicheurs, l’île est un exemple exceptionnel d’atoll corallien océanique soulevé et recouvert de forêts, dont les caractéristiques sont restées largement intactes.

Alors que les atolls coralliens sont typiquement pauvres en espèces, les quatre espèces d’oiseaux de l’île d’Henderson sont endémiques, notamment la marouette de Henderson, oiseau aptère très original. On pense qu’au moins quatre autres espèces d’oiseaux endémiques ou autochtones ont disparu en raison de la colonisation par l’Homme. Le rat polynésien y a été introduit et y fait des ravages sur les oiseaux. Un plan d’éradication est envisagé.


Aujourd’hui, l’île est le seul site connu de reproduction du pétrel de Henderson et le site de reproduction d’au moins dix autres espèces d’oiseaux de mer. Tandis que la flore de l’île est typiquement pauvre, avec quelques 57 espèces vasculaires autochtones, celles-ci comprennent six espèces endémiques, trois variétés endémiques et une autre espèce endémique à Henderson et Pitcairn. L’île n’ayant jamais fait l’objet de recherches intensives, il semble possible que l’on trouve d’autres espèces endémiques non encore identifiées. Ainsi, la faune des invertébrés de l’île est peu connue mais environ un tiers des insectes et des gastéropodes trouvés sur l’île sont endémiques.


Encore deux semaines de mer avant d’apercevoir les îles de la Patagonie.

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