Nous relâchons dans la spectaculaire baie de Hanavave, appelée aussi « la baie des vierges, » sans doute le plus beau mouillage des Marquises.
Cette baie s’appelait autrefois « la baie des verges », à cause de ses immenses pitons de basalte aux formes phalliques. Les missionnaires s’empressèrent d’y ajouter un i salvateur et la rebaptisèrent. J’ai rendez-vous ce matin au village d’Omoa, avec Chiara et Natalia, bénévoles de l’association Manu pour aller dans la vallée découvrir le Monarque, oiseau endémique de l’île.
On trouve encore dix-neuf monarques dans la vallée d’Omoa aujourd’hui. Ils sont menacés par les rats noirs entre autres, ce qui fait d’eux, une espèce en voie de disparition. Nous pénétrons dans la luxuriante vallée, marchons un bon moment dans cette jungle verdoyante traversée de rivières, avant de repérer notre premier nid. Je grimpe au sommet d’un arbre pour filmer le nid, le monarque a un chant tout particulier, il miaule comme un chat. Je reste là longtemps, à guetter les parents qui viennent nourrir leur bébé. Je suis suspendue dans le vide, tout près du sublime ciel marquisien qui défile lentement entre les feuillages, en équilibre instable, entre deux branches à moitié mortes, à l’affut du moindre cri, hypnotisée par un battement d’aile, guettant l’apparition de la petite boule de poil qui ouvre son bec à l’arrivée de sa maman. De retour au village charmée par la grâce de cette rencontre aussi rare qu’attendue, nous sommes conviés à déjeuner par Yvonne, elle vit avec son fils et ses petits enfants dans une ravissante maison colorée que lui a construite son défunt mari.
Ils nous préparent du poisson cru et du Popoi, (préparation à base de Uru, arbre à pain, cuit au feu de bois et broyé au pilon, de citron et de lait de coco). Nous assistons ensuite à la préparation du tapa, qui servait autrefois à fabriquer des vêtements. On découpe l’arbre à pain pour en extraire l’écorce qu’on frappe ensuite à l’aide d’un morceau de bois jusqu’à ce qu’elle devienne souple et fine. De nos jours le tapa est séché pour recevoir des motifs traditionnels peints. Avant de nous quitter Yvonne nous concocte un bouquet d’Amour, « umu Hei ». Elle assemble toutes sortes de plantes, ylang-ylang, tiaré, santal, basilic sauvage, pandanus (hinano), vétiver, jasmin, qui compose un délicieux petit paquet olfactif qu’elle noue avec une fibre végétale et accroche dans nos cheveux.
Ce sont ces subtiles effluves que dispensent les vahinés dans leur sillage, comme une invitation à l’amour, mes petites fées sentent les marquises ce soir tout comme notre bateau et croyez-moi, cela vaut bien tous les Shalimar de la terre !
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