Scilly et Mer d’Irlande
- Géraldine Danon
- il y a 15 heures
- 3 min de lecture
Nous avons quitté l’île de Jersey avec notre équipage presque au complet, il manque Loup que nous récupèrerons à Glasgow, en attendant c’est Zillia sa sœur qui nous accompagne. C’est un équipage très féminin à bord de la Fleur, le capitaine s’en amuse. Traversée de la Manche à zigzaguer entre les cargos. Il faut veiller, aux instruments, mais aussi à l’œil pour éviter tout risque de collision avec les mastodons d’acier qui vont débarquer leur marchandise dans les ports d’Europe. C’est un trafique incessant, nuit et jour, tout le long de l’année. Nous choisissons de couper le rail à angle droit, pour ne pas trop trainer au milieu des monstres marins.

Nous longeons la côte et faisons une courte escale à Helford river, un petit ria dans la Cornouaille anglaise, juste le temps de boire une bière fraiche.
Nous repartons la nuit tombée, profitant d’un courant favorable pour passer l’emblématique Cap Lizard, qui sert de ligne d’arrivée au fameux record de l’Atlantique entre New York et l’Europe. Philou a battu ce record en 1987, en 7J et 12h. Il fut longtemps détenu par Charlie Barr en 12 j 4h en 1905 et battu en 1980 par Eric Tabarly en 9j 10h.
Nous arrivons au lever du jour dans l’archipel des îles Scilly. Un joyau baigné par l’eau du Gulf Stream. Quelques îles habitées, et des centaines d’ilots et de cailloux qui se découvrent aux marées basses. Son isolement en pleine mer, loin du continent de l’Angleterre, lui permet de jouir de températures tempérées tout au long de l’année.
Les fleurs profitent de cette douceur, on les cultive à l’abri des murets de granit. Elles sont protégées des coups de vent forts qui balayent l’archipel.
Il y’a de nombreuses plages aux eaux cristallines. C’est l’archipel des îles Génan en quatre fois plus grand.

On y vit du tourisme, de la pêche, de l’élevage et de la culture des fleurs. C’est en autarcie que les quelques 2500 habitants passent leur année. Les jeunes partent sur le continent pour leurs études tandis que ceux qui ne se satisfont plus de la qualité de vie dans les grandes villes, reviennent pour une existence plus calme, au grand air.

C’est le cas de Zoé, qui a rencontré son mari à l’école d’agriculture. Ils ont décidé de venir faire leur vie ici sur l’île de Sainte Martin. Ils ont repris la ferme des parents de John, et l’ont transformée et modernisée afin d’y pratiquer la culture des fleurs. Ils exportent les bouquets par la poste, un circuit court qui passe par des commandes en direct sur internet. Zoé nous fait découvrir tout le processus de la culture et les filles repartent ravies avec un bouquet de délicates roses pareilles à la dentelle.
Le lendemain nous avons rendez-vous sur l’île de Saint martin avec Julian, responsable du Trust pour la conservation des îles. Un travail qui consiste à protéger les oiseaux et toute la biodiversité. Ici comme dans beaucoup d’îles, les rats sont les principaux prédateurs des volatiles, s’attaquant aux jeunes dans les nids. Une campagne d’éradication est en cours et on trouve déjà sur certaines îles, une population en augmentation.
Les îles sont la propriété du Roi. Il y vient chaque année, et œuvre activement pour que ce trésor soit protégé.
Les îles Scilly ont un charme fou, tant par leur coté maritime, avec de multiples plages au sable blanc et aux eaux transparentes, que par ses îles ravissantes, les petites routes bucoliques serpentent au milieu des champs et des maisons fleuries.

La traversée de la mer d’Irlande est très ventée avec 30 nœuds vent de W/SW qui nous permet de faire une route directe vers Kinsale. Le bateau est préparé, tout est rangé, amarré, la mer est grosse, désordonnée. Grand-voile à deux ris et trinquette, la Fleur plonge son étrave dans les lames d’eau verte, la mer brise. Ça gite, ça secoue, ça tape. Les estomacs sont chahutés. L’équipage est au repos dans les bannettes. Vers 2 heure du matin le vent monte à 40 nœuds force 7 à 8. Le bateau bataille dans une mer qui nous malmène.
Les côtes d’Irlande sont en vues et nous mouillons dans le port de Kinsale au petit matin. Le capitaine y est venu à de nombreuses reprises lors des courses en solitaire du Figaro.
La ville est colorée, les maisons peintes aux couleurs lumineuses brillent sous le ciel argenté. Repos bien mérité et fish and chips pour le déjeuner avant de tracer en direction de Gallway.
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