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  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

16 mars : Columbia Glacier

Nous doublons « Iceberg point » qui porte bien son nom car nous rencontrons de nombreux glaçons, petits morceaux de glace translucide et bleutés qui se dandinent au gré des flots. Ils vont se perdre dans l’océan Pacifique et fondre rapidement. La nuit vient et nous allumons le gros projecteur qui balaye l’horizon pour détecter les petits points blancs qui parsèment la mer couleur d’ébène. Nous traversons l’embouchure du Columbia Fjord et posons l’ancre pour la nuit dans une petite baie. La lune se lève et bientôt Vénus apparait suivie de la grande Ourse, de Cassiopée, des pléiades, une multitude d’astres scintillants dans la nuit glacée.



6h00

Le soleil n’est pas encore levé, mais la fragile lumière de l’aube fait éclore la nature qui explose de grandeur. Ce matin le ciel est clair, les reliefs sont parfaitement dessinés et la visibilité est excellente. Les montagnes qui se profilent devant nous font plus de 4000 mètres. Les derniers sapins disparaissent, nous pénétrons dans un monde blanc, immaculé, un décor qui nous rappelle l’Antarctique par sa toute puissance.

Une moraine sous-marine bloque les plus gros glaçons et devant nous un iceberg avec un tirant d’eau estimé à 50 mètres ne peut franchir ce haut fond qui lui barre la route de la liberté.



Nous en profitons pour lui rendre les honneurs dus et l’admirer sous tous les angles pendant un long moment.

Encore plusieurs milles avant d’atteindre le front du glacier qui se cache derrière une pointe. Nous sentons que les éléments se déchainent car la mer se soulève.

Le capitaine donne les ordres pour ranger le bateau et tout bloquer à bord. Passée la pointe, une rafale couche le bateau. 40 nds de vent. La mer est blanche. La Fleur peine à remonter contre le vent et les vagues. Il faut souffrir pour mériter ce glacier mythique.

Columbia glacier, un géant, 51 km de vallée glacière. Il est le symbole du réchauffement climatique car sa fonte est l’une des plus rapide au monde. 600 mètres par an et parfois jusqu’à 30 mètres par jour.

Nous avons gagné le combat et le monstre glacé nous offre sa beauté. Sur les côtés, il arrache aux parois des roches sombres dont il en prend la couleur. En son milieu, c’est sa blancheur parée de bleu qui éclate au soleil.



Nous captons tous les détails, forme, bruit, lumière et couleur. A chaque fois nous ressentons la même émotion. Il est comme un être vivant, vibrant de toutes ses entrailles, transpirant de tous ses pores. Nous savons aujourd’hui qu’il va souffrir, qu’il sera amené à disparaître dans 100 ans ou plus. Il est observé, photographié par les satellites, mesuré par les scientifiques. Nous sommes à son chevet, mais il n’y a pas de remède contre ce mal qui le guette et dont nous subirons inévitablement les conséquences.



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