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Photo du rédacteurGéraldine Danon

4 mars - Nous quittons Seward


Dans notre sillage nous laissons une ville recouverte de son manteau hivernal et sa population qui attend avec impatience le retour des beaux jours. On travaille sur les bateaux, on repeint, on peaufine. Ils vont emmener à partir du mois de mai, les curieux visiter les fjords.

Nous serons donc tranquilles, à explorer cette côte frangée de long fjords, aux glaciers qui viennent lécher la mer.

Les hautes montagnes aux versants abruptes sont spectaculaires.

On distingue une bande de sapins blancs entre la côte et 200 mètres d’altitude, qui laissent la place aux pentes enneigées et encore plus haut à la glace.

Pas de route, pas la moindre trace humaine. Tout le long de cette côte, il n’y a pas de village. Le prochain port est à plus de 150 milles.

Nous aimons cette immersion, se couper du monde, vivre quelques jours dans notre bulle. Le bateau nous porte, c’est notre petite planète à nous, et dans son ventre, assez de vivres pour tenir plusieurs mois en autonomie.



Quelques loutres barbotent et s’enfoncent dans les eaux glacées à l’approche de l’étrave de Fleur Australe. « Elles sont trop mignonnes ! » s’écrie Marion emmitouflée sous quelques couches de vêtements polaires. Le ciel se couvre rapidement, et des grains de neige s’abattent sur notre navire. Les essuie-glaces ont du mal à balayer ces flocons épais. On ne voit pas à 100 mètres. Le capitaine navigue aux instruments, radar, carte électronique. La côte se dessine à quelques mètres seulement. La berge est blanche, les sapins croulent sous la charge de la poudre immaculée, et les falaises noires émergent de la brume.


Une tempête est prévue pour la nuit. Dehors le vent va souffler à plus de 40 nds. La cote et ses hautes montagnes influent sur le vent, mais ont sait que des Williwas peuvent descendre de la montagne et plonger le long des vallées glacières.

Il faut choisir le bon endroit. Trouver un fond où poser l’ancre car ici à quelques mètres du rivage les fonds plongent à plusieurs centaines de mètres.

Le capitaine détaille la carte, étudie les vallées et les fonds marins. Sentir, prévoir, ne pas se faire piéger par les éléments que la nature peut déclencher. Philou connaît les pièges de cette région qui ressemble aux canaux de Patagonie que nous avons sillonnés il y a déjà plusieurs années. Il y a ici une réelle ressemblance avec la Géorgie du Sud, avec ses montagnes et ses glaciers impressionnants.

L’ancre se pose, rebondit sur la roche et croche dans un fond qui doit être du sable. Nous sommes blottis entre une pointe rocheuse escarpée et une plage de sable noir où la neige à déposer sa blancheur immaculée.

La houle rentre dans le mouillage. Elle va nous bercer pour la nuit. Fleur Australe est recouverte de neige. Demain nous filerons plus loin vers un petit village de pécheurs. Ils seront certainement heureux de voir notre équipage familial débarquer au cœur de l’hiver.


Ce n’est pas souvent qu’on voit des bateaux en cette saison !


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