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  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

9 Mars - Barry Glacier

Courte escale dans le petit port de Whittier, 220 habitants y vivent à l’année. Il neige, nous relâchons à côté d’un bateau de pêche « l’Arctic Polar ». La ville est considérée comme la plus étrange d’Alaska, elle est presque déserte pendant l’hiver, et à part une policière fort sympathique qui nous conduira dans le seul bar ouvert actuellement, nous ne croiserons pas grand monde.



Lors de la seconde guerre mondiale, l’armée américaine craignait une attaque sur l’Alaska, ainsi elle créa une base secrète à Whittier, un endroit idéal car isolé, entouré de montagnes et uniquement accessible par la mer. Ils inaugurèrent le tunnel reliant Anchorage en 1942. Whittier resta une base militaire jusque dans les années soixante utilisée après la seconde guerre mondiale, dans un contexte de guerre froide. Le Tunnel fut ouvert aux voitures en 2000. Quelques courses dans la superette et nous appareillons. Navigation magique sous la neige dans les fjords du Prince William Sound. Fleur Australe se reflète sur l’eau de velours entre les immenses sapins recouverts de ouate. Nous croisons nos premiers glaçons, des growlers vêlés par le Barry Glacier.



Bientôt la mer est recouverte de glace, on se croirait dans le Brash, il ne s’agit pas de banquise mais de morceaux plus ou moins gros de glace que le somptueux glacier aux reflets bleutés a craché dans l’eau.

«Comment appelle-t-on les petits icebergs, déjà Maman ?», «Les Growlers ou les Bergy Bitts ma chérie.»

Je grimpe au nid de pie pour filmer, le spectacle est grandiose. Dans un fracas tonitruant, digne d’un coup de tonnerre le glacier se déleste de gros morceaux qui soulèvent la mer, créant un Mini Tsunami qui fait trembler Fleur Australe et fracassent les morceaux de glace qui flottent sur l’eau, dont on n’aperçoit qu’un septième du volume, le reste de leurs corps étant immergés. Nous restons là un bon moment admirant le spectacle de la nature qui nous ramène indéniablement, même si la réalité est plus complexe, à la dure réalité du réchauffement climatique, ou en tout cas à l’image que l’on s’en fait, comme me le fait remarquer Marion : « J’ai jamais vu un glacier qui vêle autant !»



En effet, sur la carte électronique du capitaine, nous devrions être sur le glacier, celui-ci ayant considérablement reculé. Nous doublons deux îles non cartographiées. « Elles sont apparues récemment, il y a dix ans elles étaient sous le glacier emprisonnées par la glace, avec le retrait du glacier elles se sont découvertes » explique le capitaine. Laura décide de les nommer, Laura et Béti du nom de notre petit chien. La nuit est venue et avec elle la brume, nous déambulons dans le fjord, tel un vaisseau fantôme dont seul le reflet sur l’eau d’ébène parviendrait à nos yeux ébahis par tant de grâce.



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