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En quittant le canal de Crinan

  • Photo du rédacteur: Géraldine Danon
    Géraldine Danon
  • 29 juil.
  • 3 min de lecture

Nous avons mis le cap sur l’île de Mull. Nous avons rendez-vous avec Rudger, un ornithologue, responsable d’une réserve naturelle, qu’il a lui-même créée avec un collectif de passionnés.


Eilean Donan Castle — situé sur une petite île à la confluence de trois lochs (Duich, Long et Loch Alsh) dans les Highlands de l’ouest
Eilean Donan Castle — situé sur une petite île à la confluence de trois lochs (Duich, Long et Loch Alsh) dans les Highlands de l’ouest

Nous embarquons notre scientifique à bord de la Fleur. Comme toutes les îles des Hébrides et de l’Écosse, le mouton est le maître des lieux depuis des décennies, et certains habitants ont même été chassés, expulsés de leur terre par de riches propriétaires dans l’industrie du textile, qui ont préféré les moutons aux hommes. Mais malheureusement, ces derniers, tout comme les bovidés, mangent toutes les jeunes pousses des arbres et des plantes, ainsi que les délicieuses fraises sauvages. Ces amoureux de la nature ont donc convaincu les propriétaires de leur céder une zone de 12 km par 4 km, qu’ils préservent. Ils l’ont clôturée, mais les animaux aux grandes cornes, les cerfs, réussissent à y pénétrer en nageant, et ils viennent se régaler des douceurs locales…


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Le résultat est quand même satisfaisant : la nature reprend lentement ses droits. Dans ce cadre majestueux, avec les pêcheurs et la population locale, ils collectent régulièrement les nombreux déchets que la mer rejette sur la plage. Principalement des objets de pêche : filets, casiers, sacs, cordages… Ils sont rassemblés, formant de tristes sculptures. Dans quelques jours, ils les ramasseront, les chargeront dans les bateaux de pêche et les amèneront en ville.


La discussion est passionnante, et nos enfants sont captivés par les paroles de Rudger. C’est en tout cas un bel exemple d’initiative locale pour la préservation de la nature. Le soir venu, Loup et Laura partent en annexe pêcher le maquereau. Le repas du soir est assuré, et Laura nous régale de succulents fish and chips « boatmade ».


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Après une nuit de navigation, nous relâchons devant un superbe château médiéval, planté sur une petite île, avec ses hauts murs et sa tour de garde. Nous sommes prêts à croiser un chevalier en armure. Nous arrivons les premiers sur l’île, avant l’arrivée des quelques touristes. Pas de prince, ni de princesse, mais nous sommes transportés au XIIe siècle, au sein de ces seigneurs isolés, prêts à se défendre contre les envahisseurs : Vikings ou simples voisins à la conquête d’une nouvelle terre.


C’est vers une île sauvage, sans habitants hormis quelques moutons, l’île de Shiant, que nous hissons les voiles quand la pluie cesse, l’espace d’un furtif rayon de soleil.


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Les oiseaux règnent ici par milliers. Des centaines de milliers de volatiles peuplent l’île. Un éboulis de grosses roches, au pied d’une haute falaise, permet au Petit Pingouin et au Guillemot de trouver refuge pour leur nidification. Le Macareux n’est pas bien loin ; il niche dans des terriers, sur les pentes herbeuses. Ce petit monde se retrouve sur les cailloux pour deviser. Les Guillemots sont encore avec leurs petits, une boule de duvet qui piaille pour quémander de la nourriture à ses parents. Les Macareux reviennent avec de petits poissons dans leurs gros becs et rentrent dans leur terrier nourrir les jeunes. Dans le ciel, c’est un ballet de milliers d’oiseaux qui ombrent le soleil. Leur chant me réjouit et je fais taire l’équipage pour les restituer à l’image et au son dans leur folle mélopée. Ils batifolent, se mouillent les plumes, plongent et ressortent ébouriffés — c’est très animé.


Quelques intrus — rapaces, goélands, corbeaux — tentent de capturer un petit isolé, qui fera une proie facile.



Fleur Australe a posé l’ancre au pied de la colonie. Un décor à couper le souffle. Nous rentrons à bord, l’odeur de la fiente accrochée à nos vêtements. Le vent se lève en tempête et nous devons lever l’ancre. Remonter le zodiac à bord est une épreuve de haute voltige… Le grain est passé, mais nous sommes trempés.


île de Shiant
île de Shiant

Demain, cap vers Stornoway, notre dernière escale aux Hébrides. Nous emportons dans notre cœur l’Écosse battue par les vents du Nord, la mer qui chante contre les falaises en granit, les montagnes qui se dressent comme des géants endormis couverts de bruyères mauves et de landes dorées, les cornemuses qui pleurent des comptines anciennes dans l’écho des vallées solitaires. Ces îles dispersées racontent l’amour, le deuil, la danse, et dans la lumière du crépuscule, on devine l’ombre d’un clan, d’un rêve, d’un peuple indompté — la mémoire du vent et la voix des légendes…



 
 
 

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