top of page
  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

Nous avons largué les amarres



Ce n’est jamais facile de quitter la terre, il y’a tellement de choses à prévoir, à organiser, à préparer. Je n’en avais pas tellement conscience durant toutes ces années, car à part lors du grand départ pour le passage du Nord-Ouest en 2009, (où il nous a fallu tout organiser et surtout être préparés à un possible enferment d’un an dans les glaces) nous sommes toujours dans une dynamique de départ. A peine arrivés, nous levons l’ancre, c’est notre vie, une vie en perpétuel mouvement, d’une île à l’autre, d’un port à l’autre. Toujours disponibles pour lever l’ancre et hisser les voiles pour filer vers de nouveaux horizons.



Cet arrêt de plus d’un an à cause du virus nous a, comme tout à chacun, coupés dans notre élan. Nous étions supposés rester en Alaska et la montée en puissance de la pandémie nous a contraints à quitter le Grand Nord pour descendre vers la Polynésie. Mais cette fois c’est bon, nous sommes bel et bien sur l’eau et après une courte halte à Mooréa, pour finir de ranger le bateau, nous poursuivrons vers Rangiroa, afin de faire quelques images sous-marines, puis Hiva Oa et les Marquises « Terre des Hommes ». Ces quelques jours passés à terre sur l’île de Tahiti, furent un enchantement.



La rencontre avec Olivier de Kersauson que je n’avais pas revu depuis bien longtemps, m’a beaucoup touchée, je l’ai trouvé en pleine forme, habité d’une nouvelle douceur, que l’âge réserve aux grands hommes et qui sied à merveille aux bleus de ses yeux profonds. Écouter ses trois marins de légende que sont Kersau, Poupon et Lamazou, se remémorer leurs souvenirs de jeunesse avec leur maître Tabarly, m’a beaucoup émue. Il faut venir jusqu’ici, au paradis du marin, pour assister à de telles scènes. J’avais la sensation d’être de cette rencontre entre Brel, Brassens et Ferre. Des belles âmes réunies autour d’une table, avec pudeur et respect mutuel, animés par une passion commune, la Mer, qui coule dans leurs veines et que j’aperçois onduler, dans leurs yeux délavés par les embruns. En attendant nous profitons du bonheur de retrouver notre navire, qui malgré les années reste vaillant. La nuit dernière je l’ai passée à regarder les étoiles, Jupiter, Saturne, Vénus ont dansé pour moi tandis qu’une brise légère caressait ma peau. C’est ça la vie en mer…

bottom of page