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  • Photo du rédacteurGéraldine Danon

Rangiroa

Nous avons quitté Moorea au petit matin et laissons derrière nous la belle baie de Cook. Un chef d’œuvre architectural avec ses pics de basalte surgissant d’une végétation luxuriante et d’un vert éclatant.



Des champs d’ananas dessinent des patchworks sur les pentes. Un parfait repaire de marin où il fait bon poser son ancre à l’abri des montagnes. Nous laissons sur notre tribord l’immense Tahiti enveloppée dans sa couverture nuageuse. Elle est massive et bien protégée par son lagon. Le vent est perturbé sous le vent de l’ile, mais nous retrouvons rapidement un vent bien établi, le «Maramu ». Il souffle en hiver, vient du sud avec sa fraicheur mais aussi avec sa virulence qui nous malmène quelque peu. Le vent monte jusqu’à 30 nds et la Fleur fait route sur Rangiroa, à près de 200 milles. La mer s’enflamme de son écume et les vagues balayent le pont. Trinquette, deux ris, notre voilure de résistance. Le bateau fend l’océan et la vitesse se stabilise à 8 nds.


Au petit matin, sur l’écran radar, un écho se dessine. On scrute l’horizon pour apercevoir les cocotiers au ras de l’eau. Ici pas de montagne, mais des « motu », ilots de corail, qui émergent de l’eau d’à peine quelques mètres. Nous passons la pointe sud de l’atoll. La mer se fracasse sur le platier, le récif barrière, et des rouleaux impressionnants apportent des masses d’eau liquide qui remplissent le lagon en traverssant les hoa, les chenaux entre les motu. L’atoll est la plus grande construction jamais réalisé par des êtres vivants. Le récif corallien est construit par des organismes coloniaux, très primitifs, les coraux. C’est l’association des coraux, (petits animaux), avec une algue microscopique, qui leur confère la capacité d’élaborer un squelette calcaire qui subsistera après leur mort. C’est ainsi que se construise les édifices coralliens. Rangiroa, est le deuxième plus grand atoll au monde, son lagon pourrait recevoir entièrement l’ile de Tahiti.



Pour y accéder, il existe deux passes. Nous empruntons la plus grande, celle de Tiputa. Les remous sont impressionnants, le courant atteint 4 nœuds, et des déferlantes roulent de chaque côté de la Fleur. Avec le vent fort et la houle, le lagon qui se remplit doit évacuer ce trop-plein, ce qui explique que dans la passe le courant soit si fort. Quelques centaines de mètres de concentration pour le capitaine qui a donné les consignes de prudence, car le bateau peut être chahuté.



Devant nous le lagon, et ses eaux calmes. L’atoll de Rangiroa est tellement grand que même si la houle ne rentre pas, un bon clapot se forme quand souffle le Maramu. Le mouillage devant le village est mouvementé. La Fleur a posé son ancre sur le sable corallien et avec sa longue chaine elle se cramponne en attendant que le vent se calme.


La passe de Tiputa, surement le plus beau spot de plongée au monde… Ici c’est le foisonnement de la vie animal sous-marine. On y voit de tout, on croise toute la palette polynésienne. Dauphins, requins, thon, espadons, barracuda, napoléon, mérou, caranges etc…


Loup, en rêve depuis des années. Il y a dix ans, il n’avait alors que dix ans lorsque nous étions venus par ici…, et il se souvient de son immersion dans cette passe, cela reste un des temps forts de ses années en mer . Un aquarium grandeur nature, jamais égalé. Son gout et sa connaissance des requins, lui laisse caresser l’espoir de croiser un requin marteau ou un requin tigre, son graal,  mais encore un soyeux ou un gris que nous croisons régulièrement.


Avec le club de plongée, nous sortons dans l’océan agité. Le bateau bondi de vague en vague et au signal c’est la bascule arrière pour plonger dans le bleu. Nous sommes sur le tombant et sous nos pieds, le récif s’enfonce à plusieurs milliers de mètres. Nous arrêterons notre descente à 50 mètres, distance suffisante pour rencontrer les plus sauvages.

A peine quittée la surface, deux grands dauphins «Tursiops », viennent à notre rencontre. Ils cherchent le contact, et se rapprochent à nous effleurer. Ils acceptent une caresse et s’en vont d’un coup de nageoire caudale, vers les profondeurs.



Mon corps frissonne, moment de grâce. C’est le dauphin qui m’a choisie, c’est lui qui est venu me saluer, il est venu me dire de profiter de cet endroit, de le respecter et de donner à travers le monde son message : « La nature est belle, mais il faut la préserver ».

Bien reçu petit dauphin, je me charge de transmettre ton message aux hommes, aux terriens.

Nous continuons notre plongée, emportés par le courant. Nos yeux impriment le film qui se déroule devant nous. Je retiens mon souffle devant tant de beauté.

Merci les dauphins, merci les requins, merci les poissons de nous avoir ouvert les portes de votre paradis.



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