Dernier mouillage en baie Marguerite. A terre nous reconnaissons, au bruit d’une vieille chaudière, nos amis les éléphants de mer. Nous n’en avions pas encore vu.
C’est un endroit qu’ils affectionnent tout particulièrement : des plages de graviers où ils peuvent se regrouper, se coller les uns aux autres et s’ébattre. Ils sont là pour la mue. Ils se grimpent dessus, se roulent dans des flaques boueuses et nauséabondes pour accélérer le processus. Je photographie un groupe d’une dizaine de gros mâles.
Ces colosses pèsent près d’une tonne. On les croit endormis et soudain ils ouvrent une mâchoire impressionnante et mugissent en faisant trembler le reste du groupe, tout en vous fixant d’un regard glauque, prêt à vous avaler, à moins que cela ne soit destiné à leurs voisins.
C’est cette agressivité qui leur permettra de dominer lors de la formation des harems et des accouplements. A terre, nous repérons une petite hutte, et j’aperçois quelqu’un qui va vider un seau. Ce sont des anglais de la base scientifique de Rothera qui se trouve à quelques milles d’ici.
Ils sont quatre dans ce petit cabanon. Une partie de l’ile vient d’être classée en réserve, ils sont là pour l’étude des mousses et des lichens. Ils m’expliquent que depuis quelques années la glace de mer est de plus en plus fine et n’arrive plus à freiner l’avancée des glaciers qui vêlent beaucoup d’icebergs.
En été la station peut accueillir jusqu’à 120 hommes. L’hiver ils ne sont plus que 20, pour l’entretien. Rothera est un gros centre de recherche de la « British Antarctic Survey ». En ce moment c’est la rotation de fin de saison et tous les scientifiques rejoignent les iles Falkland, avant de rentrer en Angleterre.
Nous observons régulièrement le baromètre qui remonte légèrement. Le vent souffle encore mais nous prendrons la mer en fin de journée pour entamer notre remontée vers le Nord. Nous devons nous glisser entre deux dépressions.
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